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L’imaginaire : cinquième dimension

L’imaginaire : cinquième dimension d’un Web quantique et sémantique.
25e Conférence internationale WWW2016.  Académie québécoise de pataphysique 
12 avril 2016 à 10h30 au Palais des Congrès à Montréal. 
Raôul Duguay

Mission du Web

« Être ou ne pas être » était la question de Shakespeare. Quatre-cents-quinze ans plus tard, « être et ne pas être » est la solution de la physique quantique. Pour comprendre ce paradoxe, il faut beaucoup d’imagination !

Avant de parler de l’imaginaire, vu en physique quantique comme la cinquième dimension, avant de parler de la «‘pataphysique, science des solutions imaginaires» selon le poète Alfred Jarry, et avant de parler de mon projet L’Étoile qui fait appel à la physique, à la métaphysique, aux fractales et à la théorie des ensembles, parlons brièvement des inventions et événements historiques qui ont précédé l’avènement du Web, le référent le plus vaste, le plus immédiat et sans doute le plus démocratique qui soit pour l’acquisition de connaissances susceptibles de nous faire comprendre pourquoi Socrate, invitant l’être humain à se connaître soi-même, a pu dire : « Je sais que je ne sais rien.» 

Jamais la quête du savoir total ne sera accomplie. La première conquête est d’apprendre à apprendre. Apprendre pour monter une marche à la fois sur la montagne dont les marches de la vérité sont innombrables. Apprendre pour comprendre de mieux en mieux qui l’on est et en quoi notre environnement physique, culturel, et psychosocial est partie intégrante de la définition de notre identité. Autrement dit, je suis la somme de mon savoir et de mon ignorance. Je suis la somme de mes référents. Même si je vivais trois éternités, il me sera toujours impossible de tout savoir. Mais comme le Web est devenu la mémoire de l’histoire ou la plus grande bibliothèque du monde, l’accès au savoir universel de l’humanité est de plus en plus possible. Nul ne peut embrasser l’infini uniquement avec sa raison. Cependant, au fond de son cœur et au cœur de son imagination, tout être humain vraiment conscient peut se laisser embrasser par l’infini et l’éternel. Être conscient veut dire être avec tout, transcender les contraires pour mieux participer à l’évolution de l’humanité. Telle serait la première mission du Web : rendre l’homme plus conscient de son essence infinie et de son existence finie. Dans ce court voyage qu’est la vie, vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir, et le commencement de la sagesse.  

Considérant que notre espèce Homo sapiens est âgée aujourd’hui de 200,000 ans et considérant que la civilisation a véritablement commencé avec l’invention de l’écriture il y a 7 000 ans, il est bon de se souvenirque la bibliothèque d'Alexandrie fondée en Égypte, en 288 avant notre ère était la plus célèbre bibliothèque de l'Antiquité. Au temps de César, elle comptait environ 700, 000 volumes. En 2009, la totalité des informations existant sur cette Terre, et sous tous les supports, équivalait à 500 exabits, ce qui correspond à mille milliards de livres de 500 pages. Sachant que la mémoire des microprocesseurs double en moyenne tous les dix-huit mois et que l’hyper-ordinateur Bleue Gene 2 peut faire 300 000 opérations à chaque seconde, force nous est de constater qu’en 2016, cette expansion exponentielle des informations disponibles sur le Web continue de nous interroger sur la destinée de l’humanité car, comme l’écrit le journaliste Jean-Claude Guillebaud dans sa conférence intitulée L’homme est-il en voie de disparition ? : « Le triomphe du numérique fait émerger un sixième continent dont la particularité est d’être absolument déterritorialisé. Il est nulle part et partout à la fois, insaisissable et donc incontrôlable. Aujourd’hui, c’est vers le cyberespace qu’émigrent presque toutes les activités humaines : commerce, finance, économie et culture. » Comme le numérique a évacué le symbolique qui donne un sens à l’être humain, il y a lieu de s’interroger sur la possibilité de sa disparition.  
Après la destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie, l’événement historique majeur qui a favorisé l’accès à la connaissance fut l’invention des caractères d’imprimerie. En 1450, l'invention de l’imprimerie par Gutenberg a été déterminante dans la diffusion des textes et du savoir. À la fin du XV11e siècle, le philosophe Wilhelm Leibniz avait déjà conçu le projet d’une encyclopédie ou « bibliothèque universelle ». AuXV11e siècle, le mouvement des Lumières, qui tire son nom de la volonté des philosophes européens de combattre les ténèbres de l'ignorance par la diffusion du savoir a permis à Diderot et d’Alembert de créer L’Encyclopédie, le meilleur symbole de cette volonté de rassembler toutes les connaissances disponibles et de les répandre auprès d’un public éclairé.
Sachant qu’au cours de ces 20 dernières années, les astrophysiciens ont plus appris sur la nature intime de l’Univers qu’en 5 millénaires ; sachant que toutes les 5 secondes, notre Univers s’accroît d’un volume égal à celui de notre galaxie; sachant qu’en 2015, la machine D-Wave, puissante calculatrice quantique mise au point par des Canadiens et acquise  par la NASA et GOOGLE, fait en une seconde, c’est-à-dire 100 millions de fois plus vite, ce qu’un ordinateur conventionnel mettrait 10 000 ans à calculer; sachant que selon Seth Llloyd du MIT, qui a construit l’architecture complète d’un ordinateur quantique,10 à la puissance 120 est le nombre de bits d’information de l’Univers entier dont le rayon est d’environ 50 milliards d’années-lumière ; sachant que l’ADN contient 3 milliards d’instructions ; sachant tout cela et tant de choses encore, ne nageons-nous pas ici dans l’imaginaire, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand ? Certes, nous savons que nous savons. Mais face à la totalité des connaissances possibles, nous sentons qu’avec ou sans le Web, ce que nous savons est infime. Le monde d’antan a produit des chefs-d’œuvre sans l’aide du Web. Le monde d’aujourd’hui peut-il s’en passer ? En quoi le Web fait-il que l’être humain est plus et mieux qu’hier ? Le Web est-il plus humaniste que mercantile ? Sa consommation excessive risque-t-elle de nous consumer, de nous faire perdre l’essence de notre être ? Le numérique, devenu un réflexe culturel, risque-t-il de nous faire perdre le contact avec la nature ? Enfin, la «webomanie » dénature-t-elle l’homme ou est-elle le tremplin de son évolution ? 

Information, liberté et communication

Chose certaine, mis à part l’imaginaire où tous les possibles sont en latence, le Web est le plus grand réservoir d’informations. Est-ce que le fait d’avoir plus d’informations nous rend plus libres qu’avant ? Albert Jacquard, généticien, se pose la question : « La liberté de chacun est fonction de l’information que les autres ont sur lui, elle décroît lorsque cette information s’enrichitcar l’accumulation des données concernant un individu aboutit à le définir, le catégoriser, l’étiqueter ; elle l’oblige à se conformer à l’attente des autres. Par boulimie d’information nous risquons de faire de ce jardin secret de chacun une peau de chagrin. » C’est pourquoi il importe de faire la distinction entre les mots « information » et « communication ». L’information, qui traite des objets et opère avec des nombres, quantifie la réalité en répondant aux questions « où, quand, comment et combien ? » D’autre part, la communication qualifie les informations en leur donnant un sens. Toute communication authentique s’adresse à des sujets, à des personnes et opère avec des mots, des couleurs, des sons, des formes, des émotions et des idées. Fondée sur la relation et sur l’interdépendance, la communication pose les questions : pour qui, avec qui et pourquoi ? Tandis que l’information est froidement immanente dans le message, la communication, écho de l’intelligence du cœur, l’interprète, en décrypte l’intention et la transcende. C’est donc la communication qui donne un sens à l’information et non le contraire. Le Web est un outil, un puissant moyen de construire notre vision du monde et de réaliser nos rêves. Et s’il peut être un tremplin pour sauter dans l’infini et reculer les frontières de l’inconnu, le Web ne pourra jamais embrasser l’infini. Entre l’imaginaire du poète et celui du mathématicien, lequel choisir pour avoir une perception du Tout ? Les deux !

Notre monde est caractérisé par l’Instantanéité et l’ubiquité de l’information rendue possible grâce à l’invention du téléphone, de la télévision, de l’ordinateur, du iphone et du Web. N’importe qui peut communiquer avec n’importe qui n’importe où sur cette planète. Dans quel contexte est donc né le Web et quelle était l’intention de son inventeur Tim Berners-Lee ? En 1989, Berners-Lee, informaticien au CERN, ressent le besoin d’échanger et de partager de l’information avec ses collaborateurs. On sait que le CERN, (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), l’un des plus grands laboratoires de physique fondamentale du monde, a pour vocation la découverte des constituants et des lois de la nature, de la création l’Univers et de sa destinée.    L’intention première des fondateurs du CERN était d’élaborer une stratégie à long terme consistant « à donner à une communauté scientifique les moyens de développer ses recherches en toute liberté et ce, pour le bien de l’humanité, mais avec le sens des responsabilités ». Le sens des responsabilités signifie qu’un code d’éthique préside aux actions. La mission du CERN est derassembler les humains, par-delà les frontières, les cultures et les croyances, dans le but de répondre aux défis de notre monde. » Si le Web est gratuit pour tous, c’est parce que le CERN s’était engagé à rendre publics et son concept et sa réalisation de sorte qu’aucune compagnie ne pouvait prendre de brevet. En fait, le Web, dans sa dimension la plus noble, est le plus grand véhicule d’une pédagogie planétaire et l’écho immédiat de l’imagination créatrice des humainsCe qui donne un sens au Web, ce sont d’abord et avant tout, les valeurs humaines. Le partage des connaissances dans le but de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons, est une valeur universelle qui favorise l’évolution de l’humanité vers une possible sagesse commune où beauté, amour et paix pourront enfin régner sur Terre. Nageons-nous ici dans un idéalisme exacerbé, dans l’imaginaire, dans l’utopie, dans l’irréel, dans l’illusion ? Goethe avait-il raison de dire :« Il faut rêver l’impossible pour réaliser tous les possibles. » ? Mais qu’en est-il du nouveau Web sémantique ?


Intention du Web sémantique

Dans Wikipedia on apprend que la sémantique étudie la signification des signes et spécifie le sens des mots en établissant une relation entre les signes, les mots et leurs référents. Selon Tim Berners-Lee, le Web sémantique, intelligent, « permettra de rendre le contenu sémantique des informations du Web interprétable non seulement par l'homme, mais aussi par la machine, laquelle pourrait traiter la connaissance elle-même en utilisant l’inférence et des procédés similaires à un raisonnement déductif humain.» La caractéristique d’un système intelligent consiste à évoluer, c’est-à-dire à exploiter au maximum son potentiel. Exploiter le potentiel de l’intelligence artificielle signifie-t-il fabriquer un clone numérique qui serait la synthèse des intelligences humaines ? Est-ce à dire que non seulement les machines ou intelligences artificielles pourront dialoguer en échangeant leurs informations, mais qu’elles pourront également dialoguer avec les humains et comprendre leur langage qui ne saurait être réduit au numérique, tout étoffé qu’il est de symboles, de métaphores et d’analogies que le raisonnement déductif ne parvient pas à cerner? » La machina sapiens, possédant des milliards de fois plus d’informations que l’homo sapiens, rendra-t-elle ce dernier vétuste, désuet, voire inutile Ce qui a fait dire à l’américain Frank Herbert, l’auteur du roman de science-fiction Dune: « Nous pourrions très bien devenir la création de ce que nous avons créé. »  Allant encore plus loin, Ray Kursweil, directeur de l’ingénierie chez Google, prévoit que l’homme va prendre la relève de la nature et que la machine, plus intelligente que nous, nous permettra d’accéder à l’immortalité. Alors, l’homme, devenu cyborg, mi-chair, mi-métal, mi-silicium, deviendrait alors virtuellement éternel. L’homme et son robot, créé à son image mais plus informé que lui, marcheront-ils un jour main dans la main ? L’homme, père de la machine en deviendra-t-il le fils ou l’enfant? Et comme le craint le québécois Hervé Fisher dans son livre Nous serons des dieux : « Créerons-nous des algorithmes génétiques, des semences d’êtres vivants modifiés et des humains brevetés biologiquement ? » 

Selon Berners-Lee, inventeur du Web, et selon Stephen Wolfram, père des nouveaux moteurs de recherche sur Google, le rêve d’un Web sémantique tourné vers la connaissance, semble vouloir se concrétiser. A contrario, Claude Shannon, père fondateur des « sciences de l’information » et celui qui a construit le tout premier ordinateur portable de l’histoire, considère que l'une des caractéristiques fondamentales de la technologie de l’information est l'exclusion de la sémantique. Indifférente à la signification des messages, la théorie de l'information se limite à celui d'un messager dont la fonction est de transférer un objet.  Il faut savoir que Shannon fut le premier, dès 1948, à proposer le mot « bit » (nombre binaire dont la valeur est 0 ou 1) et son utilisation systématique pour simplifier la transmission des signaux au sein des ordinateurs classiques. 

Intrication et superposition

S’il est vrai qu’un ordinateur classique mettrait plus de 10 000 ans pour calculer ce qu’un ordinateur quantique peut calculer en une seule seconde, il est facile de percevoir la distance qui les sépare sur le plan informationnel. Pour donner un sens à ses contenus, le Web sémantique a recours à l’intrication et à la superposition, phénomènes observés en mécanique quantique et dans lesquels l'état quantique de deux objets spatialement séparés est décrit globalement, sans pouvoir séparer un objet de l'autre. Mais d’où vient cette notion de temps imaginaire, qui jamais ne s’écoule comme celui de nos horloges Pour bien comprendre, cette notion de « temps imaginaire », il faut se référer à la théorie de l’état KMS proposée par les physiciens Kubo, Martin et Schwinger. 

Avant le Big Bang, l‘Univers était en état KMS. Lorsqu’un système est en état KMS, son équilibre statique et son évolution dynamique sont reliés l’un à l’autre et alors, le temps pour ce système est à la fois réel etimaginaire. Notons qu’au début du XXe siècle, Max Planck, l’un des principaux fondateurs de la physique quantique, a défini la plus petite unité temporelle de même que la plus petite unité de l’espace soit 10 exposant -33 centimètre, qui correspond à la distance parcourue par la lumière en 10 exposant -43 seconde. Au-delà de ce « mur de Planck », nous nageons dans le temps imaginaire et dans le virtuel. Entre l’échelle de Planck et l’échelle 0, le temps était fluctuant, indéterminé. En mathématiques, on dira que la métrique de l’Univers est « complexe ». ce qui dire qu’elle superpose le temps et l’espace sans plus vraiment les distinguer : le temps devient à la fois réel et imaginaire… Selon le mathématicien Étienne Klein, À l’échelle zéro, on trouvera une métrique « euclidienne », où le temps tel que nous le connaissons n’existe plus : il est devenu imaginaire pur et n’est mesurable que par des nombres imaginaires dont le carré est toujours négatif. » Les nombres imaginaires, donc irréels, peuvent-ils gérer des réalités concrètes ? La réponse est oui : chaque fois que vous appuyez sur un interrupteur électrique, que vous écoutez un haut-parleur ou que vous regardez la télévision, vous utilisez des mécanismes réalisés grâce aux nombres imaginaires. Bien sûr, le poète n’écrit pas avec des nombres imaginaires mais il peut faire jaillir l’imaginaire de l’assemblage inédit de ses mots pour propulser notre esprit dans la cinquième dimension qu’est « l’ailleurs ». Dans ce contexte, imaginaire et cinquième dimension sont identiques. Peut-on être à la fois « ici-maintenant » et «ailleurs», hors temps et hors espace ? La réponse est : oui …probablement !

Selon les frères Igor et Grichka Bogdanov, respectivement théoricien en physique et mathématicien : « Dans la cinquième dimension, le temps et l’espace sont élastiques. L’espace se déforme, s’allonge à l’infini, s’annule sans transition ; le temps s’accélère, puis ralentit, fait machine arrière, se fige, saute d’un instant vers un autre, repart en arrière et se déforme perpétuellement passant du 21 juin 3015 au 8 mai 1426. Nous ne sommes plus alors  qu’une « probabilité de présence » dans tel ou tel lieu de l’Univers. Courbé par la gravitation, le temps a basculé dans le plan complexe pour devenir imaginaire pur. » Courbés par l’imaginaire, les mots ordinaires, interconnectés selon une autre combinatoire sémantique et symbolique, deviennent poétiques. 
Einstein a écrit que : « L’imagination est plus importante que la connaissance. » Pont entre le réel et l’irréel, l’imagination est le moteur du changement, de l’adaptation et de l’évolution. Définie comme la faculté que possède l’esprit de se représenter des images, l’imagination puise dans le réservoir infini de l’imaginaire intemporel.          
                                                                                                                                                                                                     
Selon philosophe Georges Santanaya:« Le progrès de l’homme comporte une phase poétique dans laquelle il imagine le monde et une phase scientifique dans laquelle il expérimente ce qu’il a imaginé » L’artiste imagine, avec des mots des couleurs, des formes et des sons, un monde inédit où les proportions des choses, des sensations, des sentiments, des intuitions, des idées sont poussées à leurs extrêmes limites ? Autrement dit, la face cachée du temps, sa face imaginaire est aussi vraie que l’autre, sa face perceptible.Tout ce qui vient de l’imaginaire d’un créateur peut être à la fois vrai et faux. Faux, parce que le monde imaginaire n’existe pas dans l’expérience concrète de la réalité du créateur. Vrai, parce que le monde imaginaire existe « ailleurs » que dans ce monde et que l’on peut le décoder et le comprendre grâce à des symboles.
Ainsi, le symbole de l’infini, inventé par le mathématicien John Wallis en 1655, a la forme d'un 8 placé à l’horizontaleCette représentation visuelle de l’infini ne saurait être l’infini lui-même. Mais chaque fois qu’on voit le 8 à l’horizontale, on imagine l’infini. Pourtant, l’infini ne peut être pensé même si les mathématiciens tentent de le traduire dans une équation. Pourtant, Vincent van Gogh disait : «Je peins l’infini ». L’infini peut être ressenti du plus profond de son être. Ressentir l’infini, c’est devenir conscient de sa petitesse, de sa finitude devant l’Univers. Être conscient d’être une partie du grand tout qu’est l’infini est aussi ce qui fait la grandeur de l’être humain.
En philosophie kantienne, aucune expérience rationnelle dans notre monde à quatre dimensions n’est possible hors du cadre de l’espace et du temps. À un moment donné, toute chose doit être quelque part. Ce « quelque part », est la cinquième dimension où vibre l’imaginaire. 

« Le temps est l’image mobile de l’éternité immobile. »

Énoncée par Platon, il y a près de 2 500 ans, cet axiome est peut-être la plus parfaite définition de l’imaginaire. Bien avant Platon, il y a 40 000 ans, les pré-humains de Cro-Magnon, projetaient leur imaginaire sur les parois des cavernes. Leurs dessins étaient en lien direct avec les réalités de leur environnement quotidien. L’imaginaire est la vision d’un autre monde émanant du monde réel. Mais le créateur, en déformant ou en transformant ses références au monde du réel, crée un univers dont l’interprétation ne saurait être univoque. Par essence, le monde imaginaire est équivoque, voire multivoque. Monde habité par tout véritable créateur, l’imaginaire transcende le temps et l’espace ; passé, présent et avenir y sont simultanés. C’est ainsi qu’était l’Univers avant son éclatante entrée en matière et en lumière.Se peut-il que le temps réel ait commencé par le temps imaginaire ? Si cela est vrai, cela signifie que l’intuition précède la raison, que l’irréel précède la réalité, que l’ailleurs précède l’ici-maintenant. William Blake ne prônait-il pas la préséance du rêve sur la réalité? Et le poète Musset de renchérir : « C’est une vision que la réalité. »

Car avant le Big Bang, l’être (temps réel) et le non-être (temps imaginaire, irréel) sont superposés et intriqués et coexistent simultanément à la fois réels et imaginaires, en équilibre, parfaitement symétriques, unifiés dans un seul point zéro de taille nulle. Seule y subsiste l’information primordiale contenant l’infini, un être purement mathématique, un code cosmologique qui va permettre à l’Univers d’apparaître et de commencer son expansion exponentielle. Un peu comme le code génétique contient toute l’information qui va permettre à un organisme vivant de se développer à partir d’une cellule unique. 
Mon projet L’ÉTOILE, (que j’explicite plus loin) superpose et intrique peinture, sculpture, musique et poésie dans une architecture gérée par la géométrie et la symétrie. L’ÉTOILE est à l’image de cette conception de l’évolution des formes à partir d’un point.

Être ou / et ne pas être

À la fin du XV1e siècle, le philosophe et mathématicien Wilhelm Leibniz, posait la question fondamentale: « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » En 1601, Shakespeare reposait la même question d’une autre manière : « Être ou ne pas être ». Force nous est de constater qu’au XXe siècle et encore aujourd’hui, ce sont les physiciens, les mathématiciens et les poètes qui posent les plus importantes questions métaphysiques. En 1990, le physicien John Wheeler écrivait :«Tout être, chaque particule, chaque champ de force, même le continuum espace-temps, tire sa fonction, sa signification, son existence entière à partir des réponses oui ou non car tout dans l’Univers se résume à de l’information. » Selon Seth Lloyd, pionnier des ordinateurs quantiques, « toute chose dans l’Univers est faite de bits d’information. Non pas des morceaux de matière mais des fragments d’information, des 0 et des 1. » En physique quantique, l’essence même de la réalité n’est pas physique mais mathématique. Le réel physique serait donc précédé par le réel mathématique. Mais comme je suis d’abord et avant tout un poète avec une formation de philosophe, force m’est de citer Martin Heidegger : « Le poète est le berger de l’êtreC’est la poésie qui commence par rendre possible le langage. » 

En physique classique, être ou ne pas être, question métaphysique, correspond à 0 ou 1, les deux plus petites unités d’information appelés bits. En 2012, le physicien David Deutsch, inventeur du nouveau courant It from qubit, dit que « l’étoffe de la réalité est de nature digitale plus que matérielle » car en physique quantique contemporaine, être et ne pas être correspondent à la superposition et à l’intrication des états 0 et 1. Si l’on remplace le mot Dieu par le mot imaginaire, le poète Alfred jarry est en concordance avec la physique quantique :« Dieu est le plus court chemin de zéro à l’infini…dans un sens comme dans l’autre… Dieu est le point tangent de zéro à l’infini. Son prénom n’est pas Jules, mais Plus-et-Moins. » 

Pour le commun des mortels et pour les rationnels à outrance, déclarer que la véritable question est aujourd’hui « être et ne pas être » éblouirait sans doute Shakespeare, car entre ce « ou » et ce « et » se situe une toute nouvelle conception de la réalité. Comment être et ne pas être peut-il être possible ? Selon le physicien Jean. E Charon : L’être est l’être puisqu’il contient tous les possibles ; et l’être est non-être puisqu’il n’est que possibilité de devenir… » Ne nageons-nous pas ici dans l’imaginaire ? Notons qu’en physique quantique, l’imaginaire n’est pas l’équivalent de l’imagination. Comme l’explique Stephen Hawkings, «le temps imaginaire peut sembler appartenir à la fiction mais c’est un concept mathématique bien défini ». Cependant, selon le cosmologue Étienne Klein: «Il est illusoire d’espérer extraire le sens du monde d’un jeu d’équations mathématiques.»

Aujourd’hui, le Graal de la physique consiste à vouloir unifier les quatre forces qui gouvernent l’Univers. Malgré l’espérance de la théorie des cordes, de celle des « branes » ou de celles des « boucles », la théorie de la relativité d’Einstein, qui concerne la gravitation et l’infiniment grand, n’est pas encore parvenue à s’unifier avec une théorie de la physique quantique, laquelle concerne l’infiniment petit. Pourtant, cette parfaite symétrie, cette parfaite harmonie existait avant le Big Bang où la cinquième dimension  assurait l’unité de l’Univers. Dans ce pré-Univers, selon le point de vue de David Deutsch, ce sont les « qubits » qui réglaient les fluctuations entre le temps réel et le temps imaginaire.  En poésie, les mots sont en quelque sorte les « qubits » d’un langage aux possibilités symboliques et sémantiques infinies. 

L’Un et le Tout

Je suis un créateur. Un créateur multidisciplinaire. En tant que citoyen, homme parmi les hommes, je suis de ce monde. Et, comme disait le poète Éluard, malgré mon « dur désir de durer » je ressens chaque jour ma finitude. Pourtant, ma quête de l’infini tantôt m’aveugle et tantôt m’illumine. Quand je crée, je ressens parfois ce sentiment de faire un avec tout, d’être unique dans tout l’Univers et de toute éternité.
Arthur Koestler, l’essayiste hongrois, dans son livre Le zéro et l’infini, parle de la « fiction grammaticale qu’est le « je », délaissé au profit du « nous » dans une société totalitaire où l’individu est considéré comme quantité infinitésimale par rapport à la collectivité, quantité infinie. L’homme doit être au service du tout. » Cette perception de l’homme est à considérer dans une perspective holistique.  Toute personne est à la fois un tout et une partie. Toute personne fait partie d’une unité (organisation) qui l’englobe. Chaque personne est autorégulatrice et autonome comme un tout et dépendante comme une partieCe petit rien que nous sommes dans l’infini spatiotemporel, peut pourtant témoigner de la vastitude et de la beauté de l’Univers et aussi de la solidarité nécessaire entre les humains. 
Noyé dans un environnement où le changement fait loi, où l’accès illimité à l’information rend possible le vol de nos identités, est-ce possible de se sentir totalement soi? Sur cette planète de moins en moins bleue, ne cesse de se creuser le canyon entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien, entre les internautes et les analphabètes, entre les pacifistes et les terroristes. Dans ce monde où le mot liberté rime avec sécurité, comment peut-on avoir le cœur et l’esprit en paix ? Dans ce monde de plus en plus dominé par le numérique, notre identité se résume-t-elle à une accumulation organisée de bits, de 0 et/ou de 1 ? Ne sommes-nous donc que l’addition et la multiplication d’une suite de nombres ? Quel sens donner à la personne humaine si elle est devenue un objet numérique ? Pourtant, Einstein n’a-t-il pas écrit que « les mathématiques pures, à leur façon, sont la poésie de la logique ? »

Comment peut-on établir une relation intime entre les mathématiques, première de toutes les sciences, et la poésie dont le philosophe Heidegger dit qu’elle est « la fondation de l’être par la parole » ? Peut-on imaginer que les vingt-six lettres de l’alphabet soient les atomes du langage, tout comme le physicien Michel Sauvé a écrit de manière poétique, que les nombres premiers sont les atomes de l’infini ? Si les mathématiciens contemporains disent que les nombres, dont l’essence est immatérielle, précèdent la matière et que le monde a commencé dans un point mathématique, Pythagore, en 540 av. J.-C, fut sans doute le premier à enseigner que «Toute chose est nombre. Les nombres gouvernent l’Univers. » En quoi alors un poème peut-il être mathématique ? Déjà, à l’époque de Ronsard, Beaudelaire et Mallarmé, le sonnet comporte une structure stricte constituée de deux quatrains et deux tercets et chacun de ses quatorze vers ou alexandrins est un vers composé, formé de deux hémistiches de six syllabes chacun. Les deux hémistiches s'articulent à la césure, qui est le lieu de contraintes spécifiques. Au XV11e siècle, Galilée aurait alors eu à demi raison quand il dit: «Le grand livre de la nature est écrit dans un langage mathématique. » Chaque fois qu’un écrivain prête voix à son environnement physique, à l’écologie nécessaire des éléments ou aux règnes minéral, végétal, animal, humain et post-humain, n’écrit-il pas une page du grand livre de la nature et, simultanément une autre page du grand livre de la culture ? 
Ma présence dans ce monde se manifeste surtout dans l’univers de la culture mais c’est la nature qui me tient lieu de thématique principale. Mon existence dans ce monde n’a de sens que si j’ai le sentiment de participer à son évolution. J’évolue en avalant chaque jour des informations de tous types me venant de tout ce que je sens, goûte, vois, entends, touche, ressens, intuitionne et pense. Je suis la somme de tous les créateurs et penseurs que mon esprit a fréquentés. Qui serai-je sans tous ceux qui m’ont abreuvé de leurs connaissances et nourri de leurs expériences ? Je suis la somme de mes références sensorielles, émotionnelles, rationnelles et psychiques. Mes sources de référence pour écrire le texte de cette conférence sont d’abord des livres de science, de philosophie, de poésie et le Web fréquenté par trois milliards d’humains. Les quatre milliards d’humains qui ne sont pas connectés vivent-ils en dehors de la réalité ?

En tant que créateur, je suis de ce monde comme n’y étant pas. Rimbaud n’a -t- il pas écrit : « Je est un autre ». Tout en restant moi-même, en tant qu’artiste multidisciplinaire, je deviens non seulement un autre, mais, en apparence, plusieurs autres : poète, peintre, musicien, sculpteur, comédien, cinéaste... Je suis la superposition et l’intrication de tous mes « moi ». Je est singulier et pluriel. De l’homme ou de l’artiste, lequel est le plus vrai ? Et le philosophe en moi répond : les deux. Comme la lumière, j’ai une double nature. Selon le physicien Niels Bohr, en physique quantique, la dualité onde-corpuscule de la lumière et de la matière n’est pas contradictoire car ces deux propriétés sont complémentaires. La propriété caractéristique des ondes est leur aptitude à se combiner, s’interpénétrer, se superposer. Ainsi en est-il dans le processus de créativité qui enchevêtre et superpose de multiples possibilités. Si, en tant qu’homme, je suis un corpuscule et rempli de probabilités, en tant que créateur, je suis une onde, une vibration porteuse de sens, une vision d’un autre monde traduisant en symboles celui dans lequel je vis. 

Dans l’univers de la créativité, l’imagination transcende temps et espace en ouvrant une cinquième dimension, l’ailleurs, qui enchevêtre et superpose tous les possibles grâce aux symboles, à l’analogie, à la métaphore, à l’allégorie, à la synonymie et à la polysémie. L’imaginaire est l’espace de la création libre où le créateur outrepasse le réel et ses contraintes. Mais à quoi sert la liberté si elle ne va nulle part ? Bien que dans l’imaginaire pleuvent les éclairs d’une nouvelle vision des choses qui foudroie la raison, l’art véritable, sous toutes ses formes, pour signifier sa cohérence, obéit à certaines règles personnelles à chaque créateur. Ce sont ces règles rigoureuses qui établissent les justes proportions dans son œuvre et la rendent crédible sur le plan esthétique. Bien  qu’une œuvre d’art puisse avoir comme source le rêve ou l’inconscient, voire l’inconscient collectif de Jung, le vide quantique et même le champ akashique de la philosophie hindoue et l’univers informé dont parle le fondateur du Club Budapest, Erwin Laszlo, les mots, les images en noir et blanc ou en couleurs, les sons musicaux, objets symboliques et sémantiques issus de l’imagination des créateurs, voyageant entre le réel et l’irréel, sont les radars et les échos des civilisations. 

« La ‘pataphysique est la science des solutions imaginaires »

Cette définition de la ‘pataphysique par le poète Alfred Jarry peut être mise en lien avec celle de l’astrophysicien Michel Cassé pour qui « le réel physique n’est rien d’autre que la superposition des possibles imaginaires ».

Tous les arts s’appellent et se répondent, tout médium d’expression peut s’inspirer d’un ou de plusieurs autres médiums. Beaudelaire n’écrivait-il pas, en 1857, dans son poème intitulé « Correspondances » : Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » ? La poésie, la musique, la peinture et la sculpture partagent des correspondances. Il est possible de traduire en poésie une peinture, une sculpture ou une musique, de mettre une toile ou une sculpture en musique, de peindre une musique ou un poème. L’intégration et la superposition des langages esthétiques permettent de varier les modes d’expression, de traduire la même émotion, la même idée, de manières différentes.

Si l’Univers est la totalité des possibles, l’imaginaire les contient. Bien que l’imaginaire puisse être perçu comme abstrait et irréel, il est le fruit de l'imagination d'un individu, d'un groupe ou d'une société, produisant des images, des récits ou des mythes plus ou moins détachés de ce qu'on appelle « la réalité. Selon Stephen Hawking : « La réalité n’existe pas en tant que concept indépendant de son image ou de la théorie qui la représente. » Le créateur plonge dans l’imaginaire pour créer un monde de signes et de symboles qu’il habite. Comme le souligne Daniel Bougnoux « L'homme descend davantage du signe que du singe : il tient son humanité d'un certain régime symbolique ou signifiant. Nous vivons moins parmi les choses que parmi une “forêt de symboles”.

Ainsi, en poésie, la balance est le symbole de la justice et la colombe ou l’olivier sont les symboles de la paix. Pour traduire une abstraction mentale en image concrète, le poète a souvent recours à la métaphore, procédé par lequel on transporte la signification propre d’un mot à une autre signification qui ne lui convientqu’en vertu d’une analogie, d’une comparaison : la lumière de l’esprit, la fleur de l’âge, bruler de désirL’adage disant qu’une image vaut mille mots est à la fois vrai et faux. Pour un poète, un seul vers peut valoir mille images. Tel ce vers d’Éluard, qui a inspiré ma thèse de maîtrise en philosophie : « Le dur désir de durer. » Pour expliciter la signification de cet unique vers, j’ai dû écrire près de deux cents pages, Et pourtant, il ne me semble pas avoir vidé ou exprimé complètement le sens de ce vers, l’un des plus profonds que j’aie lus. Comme c’est en lisant des auteurs de la trempe d’Éluard que j’ai appris à écrire et que j’ai été motivé à chercher comment et pourquoi écrire, j’ai vécu l’expérience qu’être un créateur, c’est accoucher d’une vision de son propre mystère et de celui du monde. 

La créativité est un arbre


Dans toutes les civilisations de toutes les époques, les hommes ont établi une correspondance entre l’arbre et l’imagination. Le symbole de l’arbre est l’image idéale représentant le processus de toute forme de créativité. Comme l’arbre, enraciné à la fois dans le ciel et dans la terre, l’imagination unit la matière et l’esprit, la réalité et le rêve. Comme l’arbre, elle est une source perpétuelle de régénération. La créativité est un arbre. Toutes les branches de l’art s’appellent et se répondent. Tout est interconnecté, en correspondance avec tout. Dans l’arbre de l’imagination, chantent les couleurs, dansent les formes, sonnent les mots et se peignent les musiques des émotions. 

Certains créateurs prétendent que l’art véritable doit être spontané, purement instinctif voire automatique. D’autres prétendent que l’art doit être sous la gouverne de la raison. À mon sens, la créativité fait appel à la fois à la logique du cerveau gauche, rationnel et analytique, qui organise et stabilise un ordre nécessaire et à l'intuition du cerveau droit, spontané et synthétique, où l'imagination est au pouvoir, dérangeant l'ordre établi mais réinventant le monde. En ce qui me concerne, entre la rive de la réalité et celle du rêve, ce qui me fascine, c’est le fleuve de la vie qui coule. Ce qui m’intéresse, c’est de jeter un pont entre les deux rives de mon être: ma raison et mon intuition. Ce qui veut dire traduire l’invisible par le visible, l’audible par l’inouï, le vide par l’intarissable et mettre en lumière tous ces mystères.

L’organe du réel est la raison logique ; l’organe de l’imaginaire et du rêve est l’intuition. La raison mesure. L’intuition navigue dans l’incommensurable et dans l’émotion de sa perception. La raison cherche les bornes. L’intuition est comme le photon pour lequel, le temps ne s’écoule pas ; quelle que soit la distance qu’il traverse, il part et arrive « en même temps » Donc, pour la lumière, il ne s’est pas passé une seule seconde depuis le Big Bang. Le processus de création se plie spontanément ou bien à la liberté la plus totale. Alors, l’œuvre se construit, instant après instant, sans autre contrôle que celui de l’émotion et de l’imagination. C’est ce que j’appelle la voie courte. Au contraire, la voie longue est un processus déterminé d’avance, un plan réfléchi et calculé où la liberté d’expression est conditionnée, contrôlée et orientée par une idée, un concept, voire un plan architectural qui impose une contrainte. J’appelle voie du milieu, l’équilibre entre ces deux techniques ou le recours aux deux voies dans une même toile. En art, tout est une question de proportions. L’harmonie entre tous les éléments de l’œuvre émane de la juste proportion.

Il n’est pas pertinent de tenter de prouver que l’une des visions est meilleure que l’autre. Il faut utiliser les deux modes d’accès à la compréhension de l’Univers : la raison et l’intuition. L’intuition est sensation et sentiment de plénitude et de liberté. La vision rationnelle de l’Univers additionne, soustrait, divise et multiplie les parties. L’intuition est une vision globale du tout et voit l’Univers comme l’ensemble de tous les possibles, comme l’unité des parties, en constante interaction, en perpétuelle interconnexion. Il en est ainsi dans la physique quantique. Selon Leibniz, philosophe et inventeur du calcul différentiel, tout est en rapport avec tout et tout est à la fois une partie et un tout. Pour dire cela, Leibniz, comme tant d’autres physiciens d’aujourd’hui, s’est sans doute inspiré du philosophe présocratique Anaxagore (500 ans av. J.-C.), dont l‘aphorisme « tout est dans tout » était une juste prémonition des théories actuelles de l’Univers 

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